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Américo Ghioldi

D’origine modeste, affilié de bonne heure au PS argentin, il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie interne, jusqu’à prendre la direction de l’organe du parti, ''La Vanguardia'', et à devenir en 1937 secrétaire général. Sous son magistère intellectuel, le PS infléchit sa ligne idéologique ''justienne'' traditionnelle (ouvriérisme, matérialisme historique, libre-échangisme, dessein révolutionnaire) pour adopter une doctrine sociale-démocrate, légaliste et politiquement libérale, où primaient désormais les considérations morales, les libertés constitutionnelles (formelles), le dépassement de l’antagonisme de classe, l’autonomie et la conscientisation des classes laborieuses, le rationalisme politique, et la lutte contre la tradition ''caudilliste'' argentine (avec Rosas comme figure emblématique) et contre l’« étatisme idolâtre ». Le maître-mot était la ''Liberté'', concept ayant valeur opératoire en tant que « liberté créatrice », moteur de l’histoire argentine). Le PS renonçait ainsi à son identité de parti « de la classe ouvrière » au profit de l’étiquette de parti « des citoyens » ou du « peuple tout entier », et répudiait toute filiation doctrinale avec le marxisme.
C’est dans cet esprit, et sous l’effet de sa profession d’enseignant du secondaire, que Ghioldi, à l’instar de son modèle Sarmiento, mettait l’instruction populaire au premier rang de ses préoccupations, plus particulièrement l’initiation dès le jeune âge aux institutions démocratiques et à la doctrine de la liberté (« pédagogie de la liberté »), unique façon d’éradiquer les idées totalitaires, par l’évolution mentale et culturelle du peuple, et d’ouvrir la voie au progrès technique et économique du pays.
Âpre adversaire des différents régimes autoritaires, dont en particulier celui issu du coup d’État de 1943 (catalogué par lui comme une importation des fascismes italien et allemand), puis du péronisme à partir de 1946, qu’il rangeait sous l’étiquette de totalitaire et démagogique et dont la politique sociale (avantages matériels pour les travailleurs), non assortie d’émancipation civique, n’était à ses yeux qu’avilissement et tentative d’embrigadement. En dépit de virulentes campagnes de presse et malgré sa propre candidature, il ne put empêcher Perón de l’emporter haut la main aux présidentielles de 1946 et 1951. Aux persécutions personnelles et aux fermetures répétées de ''La Vanguardia'' vint s’ajouter une mesure de proscription à la suite de son implication en 1951 dans une tentative de coup d’État. Il se félicita en 1955 du putsch militaire qui renversa Perón et collabora avec le nouveau régime (notamment en siégeant dans la constituante), qu’il pressait de procéder à une ''dépéronisation'' radicale et qu’il ne cessera de louanger par la suite. Ces positionnements des ''ghioldistes'' (révisionnisme doctrinal, antipéronisme outrancier) allaient le mettre aux prises avec l’aile gauche du PS et déboucher en 1958 sur l’éclatement du parti en un PSD, sous la conduite notamment de Ghioldi et de Nicolás Repetto, et un PSA, avec Alfredo Palacios et Alicia Moreau comme figures de proue.
Sous les gouvernements (démocratiquement élus) de Frondizi et d’Illia, il remplit plusieurs mandats électifs et eut à cœur de défendre l’instruction publique laïque et obligatoire contre l’expansion, favorisée par les autorités, de l’enseignement privé confessionnel. Lors du ''troisième péronisme'' (1974-1976), il s’applaudit du coup d’État militaire de 1976, accepta un poste d’ambassadeur à Lisbonne et apporta son appui à l’opération militaire dans les Malouines. Il finit cependant par prendre ses distances et par exiger le retour à la démocratie, mais gardera néanmoins le stigmate de cette compromission, y compris après sa mort.
Auteur prolifique, Ghioldi a publié un grand nombre d’articles de presse, dont ses influents éditoriaux dans ''La Vanguardia'', des essais politiques, des ouvrages sur l’éducation, et des biographies de figures politiques argentines, tant historiques (Sarmiento) que contemporaines. Informations fournies par Wikipedia